Philippe de Gaulle

L‘amiral Philippe de Gaulle, le fils du Général, né le 28 décembre 1921, est décédé le 13 mars 2024 à l’âge de 102 ans.

Sa vocation de marin fut précoce : a réussi à convaincre son père de le laisser préparer l’École navale au collège Stanislas à Paris, après avoir réussi son baccalauréat. La guerre en a décidé autrement. Le 19 juin 1940, accompagné de sa mère et de ses deux sœurs, il rejoint son père en Angleterre, le lendemain de l’appel à la résistance contre l’occupant que celui-ci a lancé via la BBC. Il participe à la défense aérienne de Portsmouth puis il entre à l’École navale des Forces françaises libres, promotion 1940. Il participe ensuite à de multiples opérations dans la Manche comme commandant d’une vedette lance-torpilles et dans l’Atlantique. Pour la libération de la France, il devient fusilier marin et le 1er août 1944, il débarque avec la 2ème division blindée. Celle-ci reçoit comme mission de libérer Paris. L’enseigne de vaisseau Philippe de Gaulle négocie seul, le 25 août, la reddition de la garnison allemande qui occupe le Palais-Bourbon, le siège de l’Assemblée nationale. Celle-ci pourra ainsi se remettre à fonctionner sans délai. Après avoir participé à la libération de l’Alsace, Philippe de Gaulle passe comme pilote dans l’aéronavale. Il participe aux guerres d’Indochine et d’Algérie et sert au Maroc avant d’exercer plusieurs commandements aériens ou maritimes, dont celui de l’Escadre de l’Atlantique, et enfin la fonction d’amiral inspecteur général de la Marine nationale. En 1982, il est passé en deuxième service, la retraite des généraux et amiraux français. De 1986 à 2004, il a été sénateur RPR, puis UMP de Paris. Pour s’être très courageusement battu, il reçut trois citations, croix de guerre, grand-croix de la Légion d’honneur ; son père n’avait pas voulu le faire Compagnon de la Libération, pour ne pas être accusé de favoritisme. Ceci devrait permettre à Philippe de Gaulle de reposer au milieu des siens et non au Mont-Valérien.

Après, la mort de son père, en 1970, Philippe de Gaulle s’est attaché à la défense et à la pérennité de l’œuvre du Général, à sa mémoire, à son image, à ses écrits et ses archives. Il a participé à d’innombrable inaugurations, cérémonies ou colloques en hommage à son père, en particulier celle de la statue érigée au bas des Champs-Élysées, non loin de celles de Churchill et de Clemenceau. Il a publié chez Plon les treize volumes des Lettres, notes et carnets de son père, puis un album de photos tirées des archives familiales, De Gaulle (1989), puis ses propres souvenirs, sous le titre Mémoires accessoires, deux volumes, en 1997 et en 2000). Il a rédigé avec Michel Tauriac De Gaulle mon père, ouvrage paru en deux volumes, en 2003 et en 2004, qui a connu un très grand succès auprès du public : huit cent mille exemplaires vendus, plus quatre-vingt mille en format de poche. C’est qu’il ne décrit pas seulement l’homme d’État, mais aussi le mari, le père, le grand-père. En 2006, avec Michel Tauriac, un deuxième album de photos, Mon père en images est paru chez Michel Lafont. Dans son dernier entretien accordé au Figaro la 7 janvier 2022, il affirmait “La France de Louis XVI, c’est terminé. Notre nouvelle tâche, c’est l’Europe.”
Voir https://www.lefigaro.fr/vox/philippe-de-gaulle-cette-idee-que-c-est-la-fin-de-la-france-est-exageree-20220107 .

Le 6 décembre 2020, je lui avais envoyé un exemplaire de l’ouvrage « Une constitution pour les Etats-Unis d’Europe. Pourquoi et comment », qui décrit le projet que porte l’association internationale sans but lucratif « Société européenne de défense » (S€D) : la relance de l’union politique de l’Europe, condition nécessaire à la mise en place progressive d’une défense européenne, ainsi qu’à l’unification de l’offre et de la demande sur le marché européen des biens et services de sécurité et de défense.

En réponse, il m’avait adressé le 20 juillet une très aimable lettre manuscrite, de deux pages, dans laquelle il avait qualifié ce livre d’ouvrage très remarquable. Il avait ajouté : « Il est certain que les Etats-Unis d’Europe sont une des questions capitales de cette dernière qui ne pourra plus subsister qu’à condition de se constituer ». A ma demande, le webmaster de la Société européenne de défense » (S€D) avait inséré cette phrase à la page https://www.seurod.eu/citations.html du site web de la S€D, car elle exprime parfaitement la motivation principale de notre action.

Je lui avais encore écrit le 23 décembre 2021, à l’occasion de son centenaire, et enfin le 27 janvier 2022, pour l’informer de ce que j’avais trouvé dans les Archives cantonales du canton de Vaud (Suisse) la correspondance entre son père et Richard Coudenhove-Kalergi, qui montre que c’est celui-ci qui a inspiré le « plan Fouchet » et qui met en évidence l’adhésion du Général au projet pan-européen.

Bouton retour en haut de la page