Philippe de Schoutheete de Tervarent

Le baron Philippe de Schoutheete de Tervarent (21/5/1932 – 29/9/2016), l’un des diplomates belges qui a le plus marqué la construction de l’Union européenne, est décédé jeudi à Bruxelles à l’âge de 84 ans.
Avant d’entrer dans la diplomatie européenne, Philippe de Schoutheete a entamé sa carrière en 1959, comme envoyé en Egypte. Après cette première expérience et le passage par plusieurs cabinets ministériels, il devient ambassadeur de Belgique à Madrid (1981-1985) et directeur général au ministère des Affaires étrangères. Proche de la famille démocrate chrétienne (PSC-CVP), il fut chef de cabinet de Charles Ferdinand Nothomb, ainsi que porte-parole de Paul-Henri Spaak et de Pierre Harmel. Il s’y forgera un grand sens du compromis. En 1987, il devient représentant permanent du royaume auprès de l’Union européenne, un des postes les plus importants dans l’appareil décisionnel européen.
Maître d’œuvre du Traité de Maastricht
L’ambassadeur de Schoutheete a marqué l’évolution de l’Europe en se profilant comme l’un des maîtres d’œuvre du Traité de Maastricht, l’un des traités constitutifs de l’Union européenne. De nombreux passages du texte signé en 1992, finement négociés, sont issus de sa plume. Il est, à ce titre, un des artisans, discret et efficace, de l’introduction de l’euro. Il est de ces grands hommes de l’ombre dont on retiendra mieux l’œuvre politique que le nom. Sa passion d’une Europe unifiée, il la tire d’une partie de son enfance passée à Berlin. Né dans la capitale allemande en 1932, il y a vu les stigmates de la guerre. Son premier fait d’arme pour parvenir à cette unification sera la rédaction du rapport Tindemans, en 1975. C’est dans ce rapport que sera défini le concept d’Union européenne. Il inspirera le renforcement des pouvoirs de la Commission européenne et du Parlement, qu’il voyait élu au suffrage universel. Cette vision à la fois ambitieuse, réaliste et modérée ne parviendra pas à lever les réticences de certains pays à aller vers plus de politiques communes. Elle restera cependant une source d’inspiration pour le diplomate.
Après sa carrière, Philippe de Schoutheete sera professeur invité à l’UCL et au Collège d’Europe à Natolin (en Pologne) et directeur du Département Europe à l’Institut Egmont. Il était représentant de l’Ordre de Malte auprès de la Commission européenne. Il fut aussi conseiller auprès du commissaire européen Michel Barnier.
Vincent Georis, « Philippe de Schoutheete » (1932-2016), « L’ambassadeur qui fut un des artisans de l’euro » in L’Echo, 1/10/2016, p. 10.
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