Wolfgang Schäuble

Wolfgang Schäuble est décédé le 26 décembre à 81 ans, Il avait été élu au Bundestag en 1972 et il a gardé son mandat sans interruption depuis, bien que devenu paraplégique suite à un attentat, devenant ainsi le député le plus ancien de l’histoire parlementaire allemande. Depuis les années 1980, M. Schäuble a été ministre fédéral de l’Intérieur, et à ce titre il a contribué à la réunification de l’Allemagne et au transfert de la capitale de Bonn à Berlin, puis ministre fédéral des Finances. Chacun se rappelle de son intransigeance durant la crise de la dette souveraine grecque en 2010. On estime que 90.000 Grecs sont décédés prématurément du fait des mesures d’austérité imposées à leur pays, qui les ont plongés dans une extrême pauvreté. Mais l’euro a été sauvé. L’obsession de M. Schäuble pour le Schwarze Null (Zéro noir, le refus des chrétiens-démocrates de tout déficit public) n’a pas fait que du bien à l’Allemagne. Elle a beaucoup trop peu investi, particulièrement dans les télécommunications, les infrastructures de transport et la défense. M. Schäuble a présidé le groupe parlementaire de l’Union chrétienne-démocrate, puis ce parti et enfin le Bundestag, ceci de 2017 à 2021. Le 6 décembre 2020, je lui avais adressé un exemplaire du livre « Une constitution fédérale pour ls Etats-Unis d’Europe. Pourquoi et comment »,  car il y avait contribué, par sa comparaison[1] entre la gouvernance de l’Union européenne et celle du celle du Saint Empire romain de la nation germanique, telle que décrite vers 1667 par Samuel Pufendorf,  M. Schäuble constatait que les traités qui fondent l’Union européenne sont devenus presque aussi complexes et incohérents que ceux de l’Empire ; ils ont conduit à un manque d’efficacité, de transparence et de légitimité démocratique. Ils s’avèrent insuffisants pour permettre à l’Union européenne de défendre nos intérêts dans le contexte actuel.

M. Schäuble m’avait répondu le 11 décembre 2020, en français, qu’il partageait notre « conviction que nous devons accroître d’urgence la capacité d’action de l’Europe, et [qu’il plaidait] avec insistance pour que l’on utilise à cette fin tous les moyens qui existent, au delà des limites étroites que nous impose le traité de Lisbonne ». Malheureusement, Mme Merkel et les autres dirigeants européens ne l’ont pas écouté.

[1] Voir Wolfgang Schäuble, Speech given by Federal Minister Dr Wolfgang Schäuble on 4 December 2006 at the German Historical Museum in Berlin as part of a lecture series organized in conjunction with the exhibition Holy Roman Empire of the German Nation 962-1806, archives Jean Marsia. Après avoir été ministre des Finances du Bund, il fut président du Bundestag.

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